Je met fin à ma longue absence pour vous raconter un peu
comment ça se passe dans ma nouvelle vie de chercheuse-de vrai-travail, après
mon ancienne vie d’étudiante-attardée-qui-savait-pas-ce-qu’-elle-voulait faire
( dans une filière sciences humaine ultra bouchée), il était temps !
Donc j’ai du faire tout à de trucs qu’on fait habituellement
vachement plus jeune. Mais que moi plus jeune je n’ai pas fais parce que ma
feignasserie et mon manque total de confiance en moi m’a fait passé à côté.
Donc j’ai du revoir mon orientation professionnelle, me
remettre très sérieusement au permis ( parce que la voiture des fois c’est
vachement plus important que le cerveau pour trouver du travail).
Ben pour choisir ce qui me conviendrait le mieux ça a pas
été vraiment simple. Mais j’ai la chance d’avoir une MA conseillère à l’emploi.
Ce qui permet de se taper une heure de maquerellage intensif au frais du
contribuable et éventuellement de trouver un « projet
professionnel ». Déjà je sais bien que c’est pathétique de pas avoir de
projet professionnel à 26 ans, et le pire c’est que c’est encore pas bien clair
dans ma tête.
Alors je voulais faire :
- journaliste (comme une bonne partie des bloggueuses- mais
je ne crois pas que j’aie le talent et surtout misère je parle pas l’english at
all du tout, et puis j’ai pas de réseau, j’ai pas fait d’école non plus alors …)
- documentaliste-archiviste ( vague rapprochement avec mes
études mais bien trop bouché apparemment)
- maître de cérémonie aux pompes funèbres ( plein de boulot, je vous jure, un
secteur d’avenir mais c’est grave pas possible pour moi parce de 1. : j’ai
peur rien qu’en regardant X files, de 2. faut ce putain de permis pour pouvoir
si y’a personne conduire le corbillard et amener les fleurs, mais surtout de 3.
je suis sure que je trouverai aucun « homme-de-ma-vie » avec un job
aussi flippant…)
- professeur d’histoire géo ( mais la le souci c’est que
l’individu adolescent m’insupporte, je supporte pas qu’un gamin péteux ou
qu’une lolita-garce puissent remettre en cause mon autorité, alors non pas de
CAPES)
-Responsable de projet d’insertion professionnelle : Il
est prévu que j’entre en formation pour devenir « ça » en Septembre… j’ai grave envie mais faut que je réfléchisse
à un argumentaire pour ca se voit un peu mieux.
-Institutrice : Ben vi quoique je fasse à la rentrée je
passe le CRPE, parce que je pas fiche à la poubelle toutes mes rêves d’avant
non plus et puis je veux pas regretter…
Mais je doute, j’angoisse et je me paralyse des journées
entières à me demander ce que je vais bien pouvoir faire. Quand ca va : je
me dis qu’au moins l’an prochain je sais ou je vais… CNAM et CRPE. Mais quand
ca va pas je me dit que je suis juste bonne à rien et que je végéterai toutes
ma vie dans des jobs précaires et mal payés. Faut dire que j’ ai vu tant de surdiplômés
s’y perdent quand j’écumais tous les jobs étudiants.
Et puis je m’en veux d’avoir fais ces études sans regarder les
débouchés. En fait si je savais que y’avait quasi rien au bout, mais je ne
voulais rien voir.
Bon revenons à l’objet premier de ce billet qui était de
vous racontez mon entretien d’hier.
J’avais rendez vous a 16h00 pour un second entretien avec le
DRH d’une association humanitaire connue ( que je citerai pas, on sais jamais ...) Lorsque la responsable du service m’avait
rappelée (2 semaines après) pour me dire
que j’étais retenue pour la seconde partie des tests de recrutement j’ai
exulté ! J’étais sure d’avoir tout raté, d’être complètement hors profil
et d’être passée pour une incompétente totale ( faut dire que j’avais balancé
lors d’un éclair de génie qui me caractérise que je n’étais pas sûre d’être
compétente pour le poste…). Bref ! j’étais aux anges ! j’ai appelé
mes amies, j’ai prévenue mes parents, je me voyais déjà dans ma nouvelle
carrière… je m’y rêvais.
D’un coup je devenais une passionaria du social… Mon
excitation tomba brutalement lorsque je calcula le salaire net : 1100 €.
Pour un boulot certes passionnant mais crevant, qui demande une implication
totale, un moral à toutes épreuves.
Pas grave me disais-je,le jeu en vaut la chandelle. Et puis j’ai un cœur
d’or, oui ! Mais petit à petit le doute s’installe…
Je me rends à l’entretien, arrive 10 minutes avant (un
exploit !).
Les locaux n’ont rien de « familiaux » ni
d’ « associatifs »… Bon, les mêmes têtes que dans n’importe
quelle boite : même garces, mêmes gentilles, mêmes cadres, mêmes hôtesses…
Tout pareil qu’ailleurs ! A mon arrivée la dame que j’avais déjà vue me
dit avec un visage déformé par sa tentative de paraître désolée pour moi :
« Je suis désolée ( voix FIP), mais nous avons pris un peu de retard, il
va falloir attendre un peu, je vous installe en salle d’attente avec de la
lecture » – évidemment pour la lecture on a l’organe de l’association plus d’autres
publications humanitaires…
Il y a déjà une fille qui attend. Elle me regarde, je
la toise. Je vais aux toilettes en revenant elle me sort sans sourire (du moins
je ne m’en rappelle pas) : « Toi aussi tu es la pour le poste de
conseillère ? ». – moi : « Oui »-très sec le
« oui »- plongeant immédiatement dans la lecture d’un fabuleux
article sur les réfugiés Ivoiriens au Sénégal … Elle n’insiste pas, ouf tant
mieux ! Non je veux bien bosser dans la détresse humaine mais faut pas
trop m’en demander…
Elle passe, une autre fille arrive : une belle liane
que j’avais déjà vu lors du précédent entretien. Je ne sais pas pourquoi mais
je suis persuadée qu’elle aurai le poste. Je lis entièrement toute la
documentation interne, faut dire que pendant 2 heures d’attente ça meuble, j’ai même pu
visiter leurs toilettes deux fois…
Puis il fait chaud, surtout qu’ils ont eut
l’exécrable idée de mettre leur salle d’attente la ou il y avait une
verrière ! J'étouffe ! Une troisième fille arrive, suivie de la dame
du recrutement qui nous sort avec la même expression du début : « Cette
candidate a un train à prendre, nous sommes un peu décalés dans les entretiens , ça ne vous dérange pas qu’elle passe avant vous ? »
- moi et la liane ( presque en cœur) : « Mais non
pâaas du tout – sourire carnassier ou angélique au choix-
Mais bien sûr on comprend, puis on a que ca à faire
hein ? C’est vrai qu’il fait super beau tout les jours … je peste
intérieurement mais bon, je vais pas dire : "euh ben non moi ca me
dérange je devais prendre un Monaco en terrasse et étrenner mon nouveau top
hetM…" Ben oui je peux pas dire ça, je me dis qu’il faut se montrer un minimum
gentille et serviable pour travailler à aider les pauvres. La troisième je ne
me souviens même pas de quoi elle pouvait bien avoir l’air. J’ai refusé de la
regarder. Je la maudissais un peu faut dire : parce que moi j’ai pas de
train à prendre pour aller en vacance incessamment sous peu. En plus, me
connaissant je n’aurai sans doute même pas oser demander au recrutement une
faveur pareille, j’aurais changer mon billet, ou annuler, bref je me serais
fait ba*ser mes vacances en silence !
Les minutes passent lentement, bien trop lentement… Mon
après midi est mort ! Mon début de
soirée s’augure mal !
Il est 19H30 quand je passe ( rappel j’y suis depuis
15h50 ! ). Enfin on m’appelle, je ne suis plus très fraiche mais
bon ! Je me persuade que je suis l’avatar laïque et dévergondée de mère
Théresa … opération psychique difficile mais bon …
- « BONJOURRRRR ! »
- moi à moi-même : Mon Dieu mais qui c’est celui la ? Je suis face à un sosie format
géant de Boris Eltsine tout aspect sympathique en moins. Il est très grand,
très baraqué, il a très fort. accent
russe. Il ne parle pas il tonne ! J’essaie de caché mon ahurissement, de
ne pas montrer qu’il parle trop fort. Oh non ! Voila : mes
zygomatique de défense sont marche. Ca y est je le sais ! j’ai une tête de
cruche ! je souris bêtement : j’ai du mal à m’en empêcher dans ces
cas là… Pitié qu’il ne croit pas que je me fiche de lui…
L’autre dame du
recrutement est la aussi. Elle a bien remarqué l’impression que le DRH me
faisait, elle sourit…
Bon l’entretien commence il a tout mon dossier, toutes les
questions auxquelles j’ai répondu il y a deux semaines, les études de cas que
j’ai rédigées. Tout est barré de rouge, et il me semble voir sur la feuille une
note à ce que j’ai fait : 4/18 ! Mon Dieu, mais en fait j’ai tout
raté… Je balbutie, je ne sais pas quoi lui répondre d’autre moi et puis il ne
m’écoute pas il lit mes tests de la dernière fois. Je répond quand même, je
sais que je suis trop molle à cet instant.
Le russe se tait. Son silence est plus impressionnant que sa
voix.
Il me regarde.
Et puis me dit sans me regarder (toujours en triturant mes
feuilles de test) : « VOUS AVEZ LE PERMIS ? »
- moi : Non …
- le géant russe : AAAAH !!! MAUVAIS POINT !
TRES TRES MAUVAIS POINT !
Je le vois qui écrit au feutre rouge : « PERMIS
NON » et l’entoure d’un cercle qui prend la moitié de la page.
Je le regarde avec inquiétude… peut être lui inspirerais-je
quelque mansuétude …
- l’ogre russe : « ENTRETIEN VA ETRE COURT !
TRES TRES COURT »
Bon là comme je ne
suis pas complètement demeurée j’ai bien compris que je n’avais pas le poste.
Tout ce que j’ai pu dire après n’étais que confusion, balbutiement, et
bégaiement… Bref un ratage total.
Je n’ai pas sur répondre aux questions basiques, suis tombée
dans tous les pièges ….
- POURQUOI VOULOIR
FAIRE CE METIER ?
Je ne me souviens même pas de ce que j’ai répondu… Je sais
juste que je ne voudrais travailler que dans l’humain- je ne vois pas comment
le dire autrement. Je ne suis pas apte à être commerciale, mal à l’aise avec la
notion de challenge, de concurrence… J’ai déjà donné, je ne suis pas faite pour
ca
Le grand russe m’a hurlé quelques questions … j’en menais
pas large …
POURQUOI VOUS AVEZ QUITTEZ VOTRE DERNIER POSTE ?
Et bien, je voulais me réorienter- mentis je très mal…
- L’ogre : « Donc vous avez
démissionné ? »
- moi : « euh, ben non euh j’ai été licenciée
en accord avec tout le monde la bas…
La vérité c’est que mes deux chefs étaient limites folles,
une collègue cyclothymique…les consignes de la veille devaient être oubliées le
lendemain… ils ont changé totalement mes attributions au bout de 6 mois… un
enfer…
QUEL RAPPORT AVEC VOS ETUDES ?
La y’a eut un très très très long blanc de ma part… J’ai tout de même répondu après avoir pris
une grande inspiration : « Aucun ! ». Le haussement de
sourcil du russe ne cachait rien de son dédain profond…
Puis la dame du recrutement s’est définitivement muée en
garce lorsqu’elle me répéta après l’espèce d’ours : « Qu’est- ce
qu’un AVC ? »
- Moi : « euh, je ne sais pas. » - en
moi-même : évite d’inventer un truc, arrête de penser : Arrêter Vos
Conneries… évites…
- La méchante dame du recrutement : « Mais si…-
sourire carnassier- on en a discutter lors de l’entretien, vous vous
rappelez ? »
Puis les deux se rendent comptent que j’ai mis sur mon CV
que je suivrais l’an prochain une formation au CNAM en cours du soir :
« Et à quelle heure commencent les cours ? »
- moi : « euh… 18 heures » - en fait j’en
sais rien parce que j’ai pas eu l’emploi du temps, qu’il n’est pas en ligne et
que les gens du CNAM sont en vacances …
- Les deux comparses maléfiques : Ah ben ca ne collera
pas du tout avec vos horaires …
Ils prennent enfin congé de ma personne, me demandant de
vérifier ces horaires et de les rappeller très vite pour les en informer. Moi
je me dis, ouai, ben bof hein. Je suis ultra démotivée d’un coup… Trop sans
doute… C’est pas fait pour moi, je me suis surtout rendue compte que je n’ai
pas envie de me battre pour ca.
Quand je pense au nombre de candidates ( ben oui il n’y
avait que des filles) surdiplomées pour le poste, les conditions de travail,
certes un job ultra intéressant mais extrêmement mal payé : j’ai un gros
coup d’angoisse la…